Grand Corps Malade
Je viens de là
On peut pas vraiment dire qu'on choisit son lieu de naissance
Ce que vont découvrir petit à petit les cinq sens
Moi, un jour mes parents ont posé leurs valises, alors voilà
Ce sont ces trottoirs qu'ont vu mes premiers pas
Je viens de là où les mecs traînent en bande pour tromper l'ennui
Je viens de là où, en bas, ça joue au foot au milieu de la nuit
Je viens de là où on fait attention à la marque de ses textiles
Et même si on les achète au marché, on plaisante pas avec le style
Je viens de là où le langage est en permanente évolution
Verlan, rebeu, argot, gros processus de création
Chez nous, les chercheurs, les linguistes viennent prendre des rendez-vous
On n'a pas tout le temps le même dictionnaire mais on a plus de mots que vous
Je viens de là où les jeunes ont tous une maîtrise de vannes
Un D.E.A. de chambrettes, une répartie jamais en panne
Intelligence de la rue, de la démerde ou du quotidien
Appelle ça comme tu veux mais pour nous carotter, tiens-toi bien
On jure sur la tête de sa mère à l'âge de neuf ans
On a l'insulte facile mais un vocabulaire innovant
Je viens de là où, dans les premières soirées, ça danse déjà le break
Je viens de là où nos premiers rendez-vous se passent autour d'un grec
Je viens de là où on aime le rap, cette musique qui transpire
Qui sent le vrai, qui transmet, qui témoigne, qui respire
Je viens de là où y a du gros son et pas mal de rimes amères
Je viens de là où ça choque personne qu'un groupe s'appelle "Nique Ta Mère"
{Refrain, x2}
Je viens de là et je kiffe ça, malgré tout ce qu'on en pense
A chacun son territoire, à chacun sa France
Si j' rends hommage à ces lieux, à chaque expiration
C'est qu' c'est ici qu' j'ai puisé toute mon inspiration
Je viens de là où, dès douze ans, la tentation t' fait des appels
Du business illicite et des magouilles à la pelle
Je viens de là où il est trop facile de prendre la mauvaise route
Et pour choisir son chemin, faut écarter pas mal de doutes
Je viens de là où la violence est une voisine bien familière
Un mec qui saigne dans la cour d'école, c'est une image hebdomadaire
Je viens de là où trop souvent un paquet de sales gamins
Trouvent leur argent de poche en arrachant des sacs à main
Je viens de là où on devient sportif, artiste, chanteur
Mais aussi avocat, fonctionnaire ou cadre supérieur
Surtout te trompe pas, j'ai encore plein de métiers sur ma liste
Évite les idées toutes faites et les clichés de journalistes
Je viens de là où on échange, je viens de là où on s' mélange
Moi, c'est l'absence de bruits et d'odeurs qui me dérange
Je viens de là où l'arc-en-ciel n'a pas six couleurs mais dix-huit
Je viens de là où la France est un pays cosmopolite
Je viens de là où, plus qu'ailleurs, il existe une vraie énergie
J' ressens vraiment c' truc-là, c'est pas d' la démagogie
On n'a pas le monopole du mérite ni le monopole de l'envie
Mais de là où je viens c'est certain, c'est une bonne école de la vie
Je viens de là où on est un peu méfiant et trop souvent parano
On croit souvent qu'on nous aime pas mais c'est p't-être pas complètement faux
Il faut voir à la télé comment on parle de là où je viens
Si jamais j' connaissais pas, j'y emmènerais même pas mon chien !
{au Refrain, x2}
Je viens de là où comme partout, quand on dort, on fait des rêves
Je viens de là où des gens naissent, des gens s'aiment, des gens crèvent
Tu vois bien, de là où je viens, c'est comme tout endroit sur Terre
C'est juste une p'tite région qu'a un sacré caractère
Je viens de là où on est fier de raconter d'où l'on vient
J' sais pas pourquoi mais c'est comme ça, on est tous un peu chauvin
J'aurais pu vivre autre chose ailleurs, c'est tant pis ou c'est tant mieux
C'est ici que j'ai grandi et que je me suis construit...
Je viens de la banlieue
http://www.youtube.com/watch?v=sqmn2wol3as
Le blues de l'instituteur
Allez, entrez les enfants et arrêtez de vous chamailler
Avancez dans le calme, je sais que vous en êtes capables
Asseyez-vous tranquillement, chacun sa place, ça y est
Écoutez-moi mais, ce matin, n'ouvrez pas vos cartables
On va pas faire d' grammaire, d' géométrie et d' conjugaison
On parlera pas d' complément d'objet et encore moins d' Pythagore
Ce matin, pas de contrôle et personne n'aura raison
Aujourd'hui, aucune note et personne n'aura tort
Les enfants, écoutez-moi, je crois que je ne vais pas bien
J'ai mal quand je vois le monde et les hommes me font peur
Les enfants, expliquez-moi, moi, je ne comprends plus rien
Pourquoi tant d'injustices, de souffrances et de malheurs ?
Hier soir, une fois d' trop, j'ai allumé la télévision
Sur les coups de vingt heures, c'était les informations
Et, tout à coup, dans la pièce s'est produit comme une invasion
De pleurs et de douleurs, c'était pire qu'une agression
Hier soir, l'actualité comptait beaucoup plus de morts
Que de cheveux sur le crâne de Patrick Poivre d'Arvor
Et c'est comme ça tous les jours, un peu partout sur Terre
J' crois qu'y fait pas bon vivre au troisième millénaire
Comme aux pires heures de l'Histoire, des hommes se font la guerre
Des soldats s'entretuent sans même savoir pourquoi
S'ils s'étaient mieux connus, ils pourraient être frères
Mais leurs présidents se sentaient les plus forts, c'est comme ça
Et puis, il y a toutes ces religions qui prônent chacune l'amour
Et qui fabriquent de la haine, des assassins, des terroristes
Pour telle ou telle croyance, des innocents meurent chaque jour
Tout ça au nom de Dieu, on sait même pas s'il existe !
Les enfants, désolé, on vous laisse l'humain en sale état
II faut que vous le sachiez, alors, aujourd'hui, j'essaie.
Les certitudes des grandes personnes provoquent parfois des dégâts
En fait, l'adulte est un grand enfant qui croit qu'il sait
J'ai mal au ventre, les enfants, quand j' vois l'argent mis dans les armes,
Dans les fusées, les sous-marins et dans les porte-avions
Pendant que des peuples entiers manquent d'eau
Comme nos yeux manquent de larmes
Et voient leurs fils et leurs filles mourir de malnutrition
Apparemment, la nature elle-même a du mal à s' nourrir
Les hommes ont pollué l'air et même pourri la pluie
Quand y aura plus d'eau nulle part, faudra garder l' sourire
Et même l'odeur des forêts sera tombée dans l'oubli
Les enfants, vous savez ce que c'est des ressources naturelles ?
Si vous savez pas, c'est pas grave, de toute façon, y en a presque plus
Les mots "humain" et "gaspillage" sont des synonymes éternels
L'écologie à l'école s'rait pas une matière superflue
Les enfants, désolé, on vous laisse la Terre en sale état
Et bientôt, sur notre planète, on va s' sentir à l'étroit
Gardez vos doutes, vous seuls pourrez nous sortir de là
L'enfant est un petit adulte qui sait qu'il croit
Ben alors, les enfants, vous êtes bien sages tout à coup !
J'ai un peu cassé l'ambiance mais j' voulais pas vous faire peur
C' que j' veux vous faire comprendre, c'est que je compte sur vous
Ne suivez pas notre exemple et promettez-moi un monde meilleur
Allez les enfants, c'est d'jà l'heure d' la récréation
Allez courir dans la cour, défoulez-vous, profitez-en
Criez même si vous le voulez, vous avez ma permission
Mais surtout couvrez-vous bien, dehors, il y a du vent
http://www.youtube.com/watch?v=i1bL9yIdAOw&feature=related
Rétroviseur
J'ai le souvenir tenace et la mémoire tonique
De ces temps pas si lointains de cette époque magique
J' sais pas si c'est normal, on peut trouver ça tragique
Mais putain ! J'ai pas trente ans et j' suis déjà nostalgique
Nostalgique de cette enfance, un môme casse-cou pas trop casse-couilles
Nostalgique de cette innocence, un début de vie sans grosses embrouilles
A l'école, j'avais d' bonnes notes mais on peut pas dire qu' j'étais très sage
Insolent avec les profs, le corps enseignant avait la rage
C'est vrai que je devais être relou, mon attention était réduite
Et j'osais pas rentrer chez moi, les jours d'avertissement de conduite
Avec mes potes on s' cachait dans les chiottes pour raper sur un magnéto
On faisait un beat en tapant sur les portes, on était vraiment des mytho
A la cantine, c'était pas un r'pas, c'était carrément un carnage
Ça gueulait, ça s'insultait et on s'battait à coup de fromages
Putain ! J'envie cette vie ravie que je revis de temps en temps
Quand je me laisse aller et que je mate dans le rétroviseur du temps
Et ça y est, je me revois déjà dans le bus qui part en colo
Avec tous mes pain-co, avec des petites gos et mon gros sac à dos
J' sais pas comment on a fait pour passer tant de temps à rire
Y a peut-être aussi qu'à cette époque, c'est vrai, je pouvais courir
Mais t'inquiète, je suis pas là pour pleurer, juste revivre avec vous
La joie des premières ré-soi, l'émotion des premiers rendez-vous
Tiens, d'ailleurs, ça me rappelle cette meuf, j'crois qu'elle s'appelait Gaëlle
C'était en rentrant d'une teuf, je lui dois mon premier roulage de pelle
Je revois aussi ces parties de foot où on jouait pendant des heures
On rentrait chez nous que quand il faisait nuit et ça, j'te jure, c'était le bonheur
C'était les années où, dans mon walkman, y avait tout le temps Authentik
Premier album des NTM dont j'étais vraiment fanatique
C'est vrai que j'ai le souvenir tenace et la mémoire tonique
De ces temps pas si lointains, de cette époque magique
J'sais pas si c'est normal, on peut trouver ça tragique
Mais putain ! J'ai pas trente ans et j' suis déjà nostalgique
Nostalgique de cette adolescence, des années consacrées au sport
Nostalgique de cette ambiance, plus on est de fous, plus on est forts
Avec mon équipe de basket, on allait monter en Nationale
Mais on a perdu le titre lors d'une énième bagarre générale
Jordan était notre idole, notre modèle, notre moteur
Et on travaillait notre détente pour défier les lois de la pesanteur
C'est génial, ces p'tits détails auxquels je repense avec envie
Ces p'tits bouts d'innocence qui me sourient dans l' rétroviseur d' la vie
C'est vrai qu' j'étais sportif et, plein de fois, j'ai prouvé ma valeur
Car je me suis jamais fait serrer quand je me f'sais courser par les contrôleurs
À cette époque, j' passais la moitié d' ma vie dans les transports
Et les jours de grève, croyez-moi, ça aussi, c'était du sport !
J'étais pas trop bagarreur sauf quand j' savais que j'allais gagner
Contre un p'tit vieux ou une p'tite sœur, peu de chances de me faire aligner
La belle époque des petites magouilles et des crises de rire toute la journée
J'ai des souvenirs par packs de douze, construits au fil des années
C'est un truc de fou, toutes ces images qui reviennent en force
Et qui font qu' tu n'y peux rien, ton cœur se serre au fond de ton torse
Y a des trucs qui m' manquent, que j' retrouverai pas, c'est sûr
Car on ne les vit que quand on est inconscient, innocent et pur
Et y a des moments un peu sombres, des journées sans lumière
Où je me dis que le meilleur est peut-être déjà derrière
Pourtant je suis bien dans mes pompes et j'ai confiance en l'avenir
Mais y a quelque chose que je dois avouer, que j' suis obligé de vous dire
C'est que j'ai le souvenir tenace et la mémoire tonique
De ces temps pas si lointains de cette époque magique
J'sais pas si c'est normal, on peut trouver ça tragique
Mais putain ! J'ai pas trente ans et j' suis déjà nostalgique
http://www.youtube.com/watch?v=E5_3pULrU9I
Enfant de la ville
J'avoue que c'est bon de se barrer à la mer ou à la campagne
Quand tu ressens ce besoin, quand ton envie de verdure t'accompagne
Nouvelles couleurs, nouvelles odeurs, ça rend les sens euphoriques
Respirer un air meilleur ça change de mon bout de périphérique
Est-ce que t'as déjà bien écouté le bruit du vent dans la forêt
Est-ce que t'as déjà marché pieds nus dans l'herbe haute, je voudrais
Surtout pas représenter l'écolo relou à 4 centimes
Mais la nature nourrit l'homme et rien que pour ça faut qu'on l'estime
Donc la nature je la respecte, c'est peut-être pour ça que j'écris en vers
Mais c'est tout sauf mon ambiance, j'appartiens à un autre univers
Si la campagne est côté face, je suis un produit du côté pile
Là où les apparts s'empilent, je suis enfant de la ville
Je sens le cœur de la ville qui cogne dans ma poitrine
J'entends les sirènes qui résonnent mais est-ce vraiment un crime
D'aimer le murmure de la rue et l'odeur de l'essence
J'ai besoin de cette atmosphère pour développer mes sens
{Refrain:}
Je suis un enfant de la ville, je suis un enfant du bruit
J'aime la foule quand ça grouille, j'aime les rires et les cris
J'écris mon envie de croiser du mouvement et des visages
Je veux que ça claque et que ça sonne, je ne veux pas que des vies sages
Je trempe ma plume dans l'asphalte, il est peut-être pas trop tard
Pour voir un brin de poésie même sur nos bouts de trottoirs
Le bitume est un shaker où tous les passants se mélangent
Je ressens ça à chaque heure et jusqu'au bout de mes phalanges
Je dis pas que le béton c'est beau, je dis que le béton c'est brut
Ca sent le vrai, l'authentique, peut-être que c'est ça le truc
Quand on le regarde dans les yeux, on voit bien que s'y reflètent nos vies
Et on comprend que slam et hip-hop ne pouvaient naître qu'ici
Difficile de traduire ce caractère d'urgence
Qui se dégage et qu'on vit comme une accoutumance
Besoin de cette agitation qui nous est bien familière
Je t'offre une invitation pour cette grande fourmilière
J'suis allé à New York, je me suis senti dans mon bain
Ce carrefour des cultures est un dictionnaire urbain
J'ai l'amour de ce désordre et je ris quand les gens se ruent
Comme à l'angle de Broadway et de la 42ème rue
{Refrain:}
Je suis un enfant de la ville, je suis un enfant du bruit
J'aime la foule quand ça grouille, j'aime les rires et les cris
J'écris mon envie de croiser du mouvement et des visages
Je veux que ça claque et que ça sonne, je ne veux pas que des vies sages
Je me sens chez moi à Saint-Denis, quand y'a plein de monde sur les quais
Je me sens chez moi à Belleville ou dans le métro New-yorkais
Pourtant j'ai bien conscience qu'il faut être sacrément taré
Pour aimer dormir coincé dans 35 mètres carrés
Mais j'ai des explications, y'a tout mon passé dans ce bordel
Et face à cette folie, j'embarque mon futur à bord d'elle
A bord de cette pagaille qui m'égaye depuis toujours
C'est beau une ville la nuit, c'est chaud une ville le jour
Moi dans toute cette cohue je promène ma nonchalance
Je me ballade au ralenti et je souris à la chance
D'être ce que je suis, d'être serein, d'éviter les coups de surin
D'être sur un ou deux bons coups pour que demain sente pas le purin
Je suis un enfant de la ville donc un fruit de mon époque
Je vois des styles qui défilent, enfants du melting-pot
Je suis un enfant tranquille avec les poches pleines d'espoir
Je suis un enfant de la ville, ce n'est que le début de l'histoire
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